Le mardi 19 novembre à 14h, assistez à la soutenance de thèse de Diego Martin-Sanchez intitulée "Travail identitaire en transition professionnelle et accompagnement au reclassement : entre régulation et facilitation".
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à 14h - 12 rue Jean-Antoine de Baïf - 75013 Paris, salle D6
- IAE Paris-Sorbonne
Résumé de la thèse de Diego Martin-Sanchez
Dans un contexte aux évolutions rapides et soudaines, les défaillances et les restructurations d'entreprises se caractérisent par leur dimension récurrente. Ceci amène des carrières au formes multiples et marquées par des transitions professionnelles fréquentes et diversifiées. Le travail étant une dimension centrale de notre définition de nous-mêmes, c'est-à-dire notre identité, et notamment dans nos sociétés occidentales, les transitions professionnelles sont alors indissociables de divers enjeux identitaires. La rupture d'emploi, surtout quand elle est soudaine et involontaire, marque le début d'une transition professionnelle tout aussi impromptue et subie, ce qui génère une rupture dans l'identité de la personne. Cet effet se retrouve exacerbé chez des individus ayant eu un certain succès professionnel, comme c'est le cas pour les managers. L'individu est ainsi engagé dans un travail sur son identité, qui peut se voir affecté, ou être régulé, par les discours qui l'entourent. Ceux-ci, donnent aux personnes des directions à suivre dans le travail de leur identité, intentionnellement ou pas. L'individu concrétise, finalement, ce travail identitaire par la création d'un discours sur soi, qui lui permet de se présenter à ses pairs.
Pour répondre à la multiplication des transitions professionnelles et des ruptures d'emploi, les pouvoirs publics mettent l'accent sur des accompagnements dont la privatisation ne fait que croitre. Ceux-ci, amènent notamment l’individu à réaliser un bilan introspectif dans le but de créer, notamment, un discours sur soi, mobilisent une démarche réflexive comme le coaching et certains mobilisent même des outils qui intègrent directement les enjeux identitaires des transitions professionnelles. Par ailleurs, quand la transition professionnelle est accompagnée, elle peut être considérée comme hautement institutionnalisée. Ceci impacte alors le travail de l’acteur sur son identité, puisque ce processus se fait au contact des discours de l'accompagnement. Ces derniers, véhiculent également un certain rapport à la carrière et au travail, qui peuvent venir teinter l'identité de l'individu de nuances particulières. Cette thèse vise à combler un manque dans la littérature académique en sciences de gestion, celui des effets concrets des accompagnements au reclassement sur le processus de (re)définition de soi des individus. Pour ce faire, nous avons d'abord déployé une méthodologie qualitative exploratoire, afin d’étudier les accompagnements au reclassement dans un contexte hexagonal, puis une méthodologie qualitative longitudinale et approfondie, afin de suivre des individus dans leurs procédures de reclassement. Nos résultats contribuent au concept de travail identitaire en montrant le caractère régulateur de l'accompagnement au reclassement qui, en raison de sa grande standardisation, soulève la question, déjà présente dans la littérature sur le coaching, des cabinets de reclassement comme 5 outils de normalisation.
Nos conclusions corroborent, également, l'importance du discours sur soi en contexte de transition professionnelle. Les discours autour de cet élément sont, toutefois, hautement institutionnalisés et standardisés, ce qui rejoint le questionnement autour d’un potentiel effet normalisateur. Finalement, cette recherche met en avant la généralisation d'une conception du travail plutôt contractuelle, et du type anglo-saxon, qui laisse présager une 'managérialisation' du rapport au travail. Ceci soulève alors la question d'une porosité et d'une uniformisation des rapports à l’activité professionnelle. Ce travail doctoral invite, finalement, à revoir ou à actualiser les développements sur l'identité professionnelle, ou sur le rapport au travail, de certains auteurs sous le prisme de variables comme le genre. Des perspectives de recherche apparaissent également autour des variables pouvant jouer sur la perméabilité des individus à l'accompagnement. Finalement, la possibilité s'ouvre aussi d'étudier les discours politiques, et les réformes menées, autour des carrières, des transitions et des périodes de non-emploi, et ce au prisme du rapport au travail véhiculé ou des effets potentiels sur les identités des individus.
Membres du jury
- Géraldine SCHMIDT, Professeure, IAE Paris-Sorbonne, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Directrice de thèse
- Séverine VENTOLINI, Professeur, IAE Dijon, Rapporteur
- François GRIMA, Professeur, Université Paris-Est Créteil, Rapporteur
- Anne Laure GATIGNON, Professeur, Université Toulouse 3 Paul Sabatier, Suffragante
- Florent NOËL, Professeur, IAE Paris-Sorbonne, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Suffragant
- Jean PRALONG, Enseignant-chercheur, EM Normandie, Suffragant
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