Publié le 20/06/2024

| Les essentiels du LAB | L'appropriation des dispositifs de pilotage de la performance : une affaire de régulation sociale proximité

Avec les essentiels du LAB, nous souhaitons vous partager régulièrement les résultats de recherche scientifique du LAB IAE Paris-Sorbonne. Au programme pour cette troisième édition, on met à l'honneur Sénia MAGAUD, Doctorante à l’IAE Paris-Sorbonne, dans le cadre de la Chaire Mutations Anticipations Innovations (MAI) qui a travaillé sur les essentiels “L'appropriation des dispositifs de pilotage de la performance : une affaire de régulation sociale proximité” depuis l'article de P. Gilbert, E. Gurtner et M. Soulerot.

 4 minutes de lecture avec les essentiels du LAB IAE Paris-Sorbonne

Les essentiels ont pour objectif de rendre accessible au plus grand nombre, les résultats de recherche scientifique du LAB IAE Paris-Sorbonne. Leur format court, synthétique et visuel permet de relier le monde académique et le milieu professionnel, favorisant ainsi une compréhension mutuelle des enjeux et des avancées des sciences de gestion dans un contexte en continuelle transformation.

Les essentiels du LAB IAE Paris-Sorbonne contribuent à nourrir la réflexion stratégique au sein des organisations dans le cadre des 3 axes clés de l'IAE Paris-Sorbonne : Impact social, Proximité et territoires, Risques et incertitudes.

Contexte Une contribution au débat concernant la conception instrumentale de la gestion publique. Le contrôle par les résultats, compagnon organique du nouveau management public, se met en place en soulevant bien des difficultés, ce qui en fait l’objet de diverses critiques. Certains évoquent les classiques résistances individuelles au changement, sources de transgressions, et d’autres l’incompatibilité supposée du contrôle par les résultats avec les missions de service public. À l’écart de ces débats, l’article entend témoigner qu’une conformité trop grande au contrôle formel peut nuire à la performance, alors que certaines formes de transgression y contribuent. Objectifs Comprendre les dynamiques d’appropriation du mode de contrôle par les résultats dans un établissement public. La thèse défendue par la recherche n’est pas une critique de l’intérêt ou de l’utilité du contrôle des résultats dans les administrations publiques mais bien l’identification des dynamiques d’appropriation qui rendent plus ou moins complexe la mise en œuvre du contrôle par les résultats. Pour cela, le cadre d’analyse proposé se situe dans la filiation des recherches sur l’appropriation des outils de gestion et sous l’angle de la théorie de la régulation sociale qui aide à comprendre comment se construisent les attitudes à l’égard de l’introduction d’un système de pilotage par les résultats. Les questions qui se posent en générale sont : une appropriation réussie s’observe-t-elle dès lors que les acteurs utilisent l’outil de la façon la plus prescrite possible ? Ou à l’inverse, les mécanismes de transgression de l’outil sont-ils facteurs d’appropriation ? L’article souhaite répondre à la question suivante : dans quel contexte social naissent les attitudes à l’égard de la mise en œuvre d’un dispositif de contrôle par les résultats (transgressions ou conformité)? L’analyse des résultats prenant en compte les contextes locaux (les agences) et les particularités situationnelles montre les effets contrastés des comportements dans l’appropriat

 

Résultats Les formes de régulation sociale jouent un rôle important dans l’appropriation par les agents. Différents types de fonctionnement sont identifiés par les auteurs en application de la Théorie de la Régulation Sociale (Jean-Daniel Reynaud, 1997, 1999) : L’outil de contrôle par les résultats déployé à Pôle emploi comporte une certaine flexibilité dans son appropriation et application au sein des agences, en laissant les directions d’agence effectuer des choix d’opérationnalisation en leur sein. Dans certains cas, la régulation de contrôle (portée par le management local) va susciter la mise en responsabilité et l’initiative des conseillers faisant émerger une régulation autonome ; ou bien au contraire, induire la prescription de leur activité. La façon dont le management va conduire la régulation de contrôle va avoir un effet différencié sur l’adhésion des salariés au système local de règles. L’étude tend à montrer que la régulation autonome (qui émerge des collectifs de travail en agence) dépend de la qualité des interactions entre les agents mais aussi de son système de règles de contrôle plus ou moins prescriptif. Lorsqu’une régulation de contrôle autorise l’apparition d’une régulation autonome, leur ajustement réciproque peut aboutir à une forme de régulation conjointe, avec l’établissement de règles communes, profitables à la fois pour le collectif de travail et pour le management. • Lorsque le système de contrôle est très restrictif, les agents n’ont pas la capacité et l’espace pour faire émerger une régulation autonome. Cela déclenche des attitudes de résignation de type « soumission ». • Lorsque la régulation de contrôle est faible, soit une régulation autonome peut émerger et les collectifs de travail adoptent alors un mode de fonctionnement de type « dénégation », voire de rébellion vis à vis du contrôle par les résultats ; soit, en l’absence de toute régulation sociale, la « confusion » s’impose. • Si les conditions rendent possible l’apparition à la fois d’une régulation de contrôle et d’une ré